Magnifique, bouleversant, féroce… Voilà quelques-uns des adjectifs, convenus, certes, qui me sont venus à la vision de « Au revoir là-haut », d’Albert Dupontel. Avec un budget excessivement réduit (à peine 5 millions d’euros, une paille en termes cinématographiques), il a signé une œuvre « d’époque », esthétiquement soignée jusqu’au moindre détail, sans l’odeur de naphtaline inhérente au genre. La réalisation est fluide, l’immersion totale, les personnages denses, humains, touchants ou salauds. Avec son regard noir habité, Dupontel lui-même campe Albert Maillard, brave soldat rescapé de l’enfer des tranchées (puissamment évoquées à l’écran dans des séquences cauchemardesques). Maillard, redevable à vie, s’est mis en tête de soutenir coûte que coûte Édouard Péricourt, dessinateur et créateur de génie, renégat d’une riche famille parisienne, qui a été atrocement blessé au visage en voulant lui porter secours…
Le film aborde bien évidemment l’horreur de la guerre, le traumatisme des « gueules cassées », mais évoque aussi les rapaces divers pour lesquels les milliers de cadavres des « morts pour la France » n’ont été qu’une manne financière providentielle… Le tout avec suffisamment d’intelligence, de sarcasme et de créativité pour éviter l’effet « film d’histoire » propre au cinéma français. A propos de création, les masques qu’arbore le personnage de Péricourt sont de véritables merveilles, et justifient presque à eux seuls la vision du film pour leur expressivité et leur beauté étrange, bourrés de clin d’œils artistiques (un masque en forme d’urinoir de Duchamp, il fallait oser, mais on retrouve aussi Cocteau, Modigliani…)
Vous l’aurez compris, il y avait bien longtemps que je n’avais pas vu un film qui justifie autant sa place de cinéma, qui parle intelligemment au spectateur, à travers une fiction adulte, puissante, et émotionnellement très forte (j’ai eu beaucoup de mal à me remettre de la fin).
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