Le gangster George R. Kelly, surnommé « Mitraillette Kelly » (Charles Bronson) et sa bande attaquent une bande. Le coup réussit, mais un des bandits, Fandangio (Morey Amsterdam), essaye de doubler son chef en gardant une partie de la somme. De rage, Mitraillette lui fait arracher le bras par un puma en cage. Le coup suivant rate par la faute de Mitraillette lui-même : voyant passer un cercueil, Kelly, terrorisé par tout ce qui a trait de près ou de loin à la mort, n’arrive pas à attaquer la banque à temps. La plupart de ses hommes l’abandonnent, écœurés par ce chef violent et incapable. Mitraillette les assassine tous sauvagement. Pour se refaire, alors que sa compagne, Flo (Susan Cabot), véritable mante religieuse dominatrice, se moque de lui, Mitraillette Kelly décide ensuite d’enlever la fille d’un riche industriel…
Inspiré par l’histoire vraie de George R. Kelly, un bandit qui sévit pendant la Grande Dépression, ce film de gangsters à petit budget (peu de décors et cadres serrés) est une vraie réussite. Bronson, dont le jeu à l’époque était bien plus fin que les rôles de justiciers monolithiques qu’il a enchaîné par la suite, compose de superbes expressions faciales, et c’est un plaisir de voir la lâcheté traverser son regard ou une lippe boudeuse exprimer la violente bêtise du personnage, les éclairages et la prise de vue accentuant le côté massif, bas du front… et la petite taille de Charles Bronson.
Car « Mitraillette Kelly » n’existe pas. Le personnage est une création de Flo (Susan Cabot, parfaite), une vamp dominatrice qui a sorti George du ruisseau. Elle l’a façonné, et lui a donné un nom en lui collant entre les mains cette mitraillette, énorme substitut phallique dont il ne se défait jamais et avec laquelle il entretient un rapport quasi amoureux. Il faut voir Bronson brandir l’arme avec une immense fierté, ou la démonter et la remonter sans cesse, passionnément. Et sans la virilité que lui confère cette mitraillette imposante, il n’est rien qu’un bandit minable, sans envergure, un petit roquet qui aboie mais qui est en réalité soumis à sa maîtresse. Les relations de famille sont aussi vachardes : sa « belle-mère », une mère maquerelle à forte personnalité qui flirte avec le banditisme, ne rate pas une occasion de le rabaisser car il ne fait pas la « une » des journaux. La scène où la même « belle-mère » se retrouve à pouponner la petite fille enlevée en lui apportant des jouets de sa fille est carrément surréaliste !
La mise en scène est très bonne, soutenue par une bande-son jazzy survoltée. Au début du film, l’attaque de la banque, sans paroles, et la fuite des bandits, sont dignes d’un film muet, et on s’attend presque à ce que les voitures passent en accéléré. Décidément totalement à l’opposé du courage viril et suicidaire des bandits de cinéma, « Mitraillette Kelly », dans un grand élan de couardise, donne le mot de la fin : « Pourquoi mourir bêtement ? Pour montrer qu’on a des tripes ? S’il faut pour ça les répandre par terre, ça ne vaut pas le coup ! » gémit-il.
Mitraillette Kelly est vraiment un bon film, réalisé avec peu de moyens, certes, mais porté par une très bonne distribution, Charles Bronson et Susan Cabot en tête.
C’est, à égalité avec « L’AIGLE SOLITAIRE », le meilleur travail de Bronson en tant qu’acteur de composition au cinéma. À la TV il a souvent eu des contremplois surprenants. Là, c’est vraiment une vermine ! 🙂
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« L’Aigle solitaire » est sur ma liste, en plus il y a Strother Martin aussi 😀
Là, j’ai vraiment été épatée par la performance de Bronson, sa lippe mauvaise. Et lorsqu’il annonce qu’il va assassiner la gamine dans son sommeil alors qu’on l’a vu jouer avec elle juste avant, il est vraiment glaçant, et on a envie de le tuer, ce qui est rare 😀
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Oui, c’est une VRAIE composition en profondeur : il est moche, petit, vicieux, détestable, il parle avec une voix de canard. Il fait penser à Paul Muni dans « SCARFACE ». Il n’a jamais été aussi « débronsonisé », en fait.
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J’aime beaucoup la manière dont les films d’avant son vedettariat jouent sur sa « mocheté » et sa « petite taille » 😀
Sinon il était déjà étonnamment buriné et marqué, à même pas 40 ans !
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Tout ça tient aussi au jeu de l’acteur et à la façon dont il est mis en valeur par le réalisateur ou pas. Dans « L’AIGLE SOLITAIRE », tourné 4 ans plus tôt, Bronson est plutôt beau et semble grand (à côté d’Alan Ladd, ce n’est pas un exploit, il faut dire…)
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Roger Corman est incontournable, il a créé ou produit le meilleur comme le mauvais avec un talent n’appartenant qu’à lui, peu de moyens et beaucoup d’idées. Tu remarqueras que déjà, son thème de l’importance de l’influence de la femme sur l’homme est une des racines de son œuvre. On la retrouve brillamment dans » Bloody Mama » où, cette fois, la femme d’influence n’est pas l’amante mais la mère.
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Je note « Bloody Mama », j’avais vu « Les Anges sauvages » mais pas du tout aimé…
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On en reparlera peut être…
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